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Non binarité, le soft power des séries TV

Non binarité, le soft power des séries TV

Longtemps invisibles et invisibilisés dans les médias mainstream, les personnages non binaires commencent à prendre un peu plus de place dans les séries. Pour une meilleure compréhension et inclusivité hors de la fiction? Assurément!

Toutes les études menées sur les questions de genre se retrouvent sur au moins un chiffre: près de 10% des adulte·x·s s’identifient comme non binaires  /gender queer / gender fluid, avec une prépondérance chez les moins de 30 ans. Pour autant, la non binarité demeure un impensé ou une source d’incompréhension pour nombre de personnes cis hétérosexuelles.

Ainsi, d’après une enquête réalisée en 2021 par la GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation), association américaine de veille médiatique œuvrant à dénoncer les discriminations et les attaques à l’encontre des personnes LGBTIQ+ au sein des médias, 54% des personnes non-LGBTIQ+ estiment que les personnes LGBTIQ+ ont des attentes trop compliquées en ce qui concerne les manières de s’adresser à elles (par exemple, l’usage du pronom «they»*). Elles sont 47% à se sentir peu familières des questions de transidentité et de non-binarité, et 45% éprouvent des difficultés quant aux termes utilisés par les personnes LGBTIQ+ pour s’identifier. Évidemment, derrière ces chiffres, se cachent les moqueries, les insultes et les discriminations qui sont le fruit de l’ignorance. Sans oublier, les vagues de cyber harcèlement envers les personnes queer et les paniques morales pour un «iel·le» ajouté au dictionnaire. Mais, il existe un territoire où la non binarité s’exprime avec une certaine liberté et permet aux non-concerné·e·x·s de se familiariser en douceur avec elle: les séries TV.

Des représentations contre les discriminations

Selon une étude menée par Variety, les personnes non binaires sont de plus en plus nombreuses dans les séries: 3,8 % des séries et 2,8 % des films intègrent un·e·x protagoniste·x enby [ndlr: non binaire] depuis le 1er avril 2020, contre respectivement 2,7 % et 0,8 % avant le début de la crise sanitaire.

Ces personnages ne sont plus uniquement présents dans des séries «communautaires», mais également dans des œuvres plus mainstream: on pense à Taylor Mason dans Billions, à Syd dans One day at Time, Alex dans This Is Us, Cal dans Sex Education, Kai Bartley dans Grey’s Anatomy ou encore Eliott dans Ici tout commence. Cex dernierx marque une véritable révolution: l’apparition d’un personnage non binaire dans une série française diffusée quotidiennement à 18h30 sur une chaîne hertzienne. En outre, rares sont les protagoniste·x non binaires adulte·x·s – les adolescent·e·x sont en effet sur-représenté·e·x. Rare aussi sont les enby AMAB [ndlr: assigned male at birth / assigné garçon à la naissance].

L’essor de ces représentations dans des fictions du quotidien peut-il faire évoluer les mentalités? Pour la politologue Virginie Martin, autrice de Le charme discret des séries (éd. HUMENSCIENCES), la réponse est oui: «Sans représentation dans les médias, on n’existe pas, on reste dans un angle mort. Les séries permettent d’intégrer de manière fluide et naturelle les questions de genre dans le quotidien des personnes non-concernées. Elles leur permettent d’assimiler les problématiques, les questions d’usages linguistiques», explique t-elle. Et d’ajouter: «Les représentations de personnes non binaires dans les séries mainstream prennent acte de ce qui se passe aujourd’hui dans la vie de tous les jours et montrent combien les résistances de l’ancien monde sont stupides.»

*Ce pronom anglais présente un aspect neutre, encore plus marqué que le pronom neutre «iel» en français.