ParisTags anti-PMA : la mairie de Paris va porter plainte

Par Youen Tanguy le 13/06/2019
tags

INFO TÊTU - La mairie de Paris a annoncé son intention de porter plainte suite à la multiplication des tags anti-PMA dans les rues de la capitale.

Depuis quelques mois, on en croise à chaque coin de rue à Paris. Non, on ne parle pas des trottinettes, mais des tags anti-PMA. Récemment, certains sont signés d'un énigmatique "Sans (re)pères", du nom d'un célèbre morceau de Sniper, traitant de l'absence de figure paternelle. Nous vous en avions d'ailleurs déjà parlé en septembre dernier, lorsque des coeurs avaient commencé à remplacer ces messages anti-PMA. A l'origine de cette réponse pleine d'amour : le collectif "@pochoirspourtous", qui continue d'agir aujourd'hui.

A LIRE AUSSI : QUEERTOPIE. #Pochoirpourtous contre les tags anti-PMA : « On répond à la haine par l’amour »

Mais le 9 juin dernier, un message posté sur les réseaux sociaux a relancé la polémique. L'association BAMP!, qui accompagne notamment les femmes en parcours de PMA, a posté deux photos montrant un camion de la société Biodegr'AD en train d'apposer des tags. On pouvait y lire : "Mon père, mon origine, mon droit. Loi Macron, PMA sans père #besoin de (re)pères"

Une plainte va être déposée

Interpellé par plusieurs internautes, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la propreté, Paul Simondon, a assuré sur Twitter que "toutes les inscriptions sont interdites sur les trottoirs et les contenus homophobes totalement inacceptables." Il a ajouté que les équipes de la Ville allaient intervenir. Selon nos informations, c'est chose faite.

Contacté par TÊTU, l'élu a annoncé que la mairie de Paris avait l'intention de porter plainte contre la société Biodegr'AD pour "dégradations" et "publicité sauvage". "Les agences de publicité qui font ce type d'interventions proposent une activité commerciale totalement illégale, a-t-il déclaré. En plus, ils portent un message très clairement discriminatoire qui va contre l'égalité des droits."

L'adjoint à la maire invite d'ailleurs les Parisiens à signaler "toute forme d'inscription sur les trottoirs" via l'application Dans Ma Rue. "Nous avons depuis quelques mois une nouvelle catégorie qui permet de signaler les inscriptions haineuses, ajoute-t-il. Cela permet de signaler le caractère urgent et entraîne une intervention plus rapide."

"Je ne vends pas mon âme au diable"

Joint par TÊTU, le directeur parisien de Biodegr'Ad, Tanguy Bard de Coutance, reconnaît que sa société est à l'origine de ces messages, mais rappelle n'être que le prestataire. "Nous sommes en démocratie et tout le monde doit pouvoir communiquer, s'est-il défendu. Je n'ai pas le droit de juger qui peut s’exprimer ou pas, sinon on vivrait dans une dictature. Ça aurait été anti-démocratique de ne pas le faire. »

Et d'ajouter : "Je ne vends pas mon âme au diable. Je la vendrais beaucoup plus en interdisant aux gens de communiquer. Si demain le FN (désormais Rassemblement national, NDLR) ou tout autre parti me demandait de communiquer, je le ferais". Il a également précisé ne pas être "contre la PMA à titre personnel".

Fin de contrat avec l'annonceur

Interrogé pour savoir s’il s’agit oui ou non d’une pratique illégale, le directeur de la branche parisienne de la société a botté en touche. "Je ne veux pas rentrer dans ce débat", a-t-il simplement répondu. 

Tanguy Bard de Coutance est toutefois persuadé qu'il n'aurait eu aucun problème si la campagne avait été pro-PMA. "Tout devient illégal parce que la mairie ne partage pas ces idées-là", a-t-il regretté avant d'ajouter que "la communauté (LGBT, ndlr) a beaucoup d'influence à la mairie de Paris". Il n'a pas souhaité communiquer sur l'identité de son client.

Suite à la publication de notre article, Tanguy Bard de Coutance nous a contactés pour présenter ses excuses. "Nous nous excusons si ce message a pu blesser certaines personnes et allons arrêter de travailler avec cet annonceur."

Article mis à jour le 13 juin 2019 à 19h25

Crédit photo : Capture d'écran BAMP!.