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Marche des fiertés : pas d’égalité sans extension de la PMA

L'opinion française est majoritairement favorable à l’extension de la PMA. Il est temps que le législateur s'inscrive dans son époque sans alimenter les clivages électoralistes, estime la députée Nadia Ramassamy, apparentée LR.
par Nadia Ramassamy, députée (apparentée LR) de La Réunion, présidente de l’Intergroupe parlementaire des Outre-mer, membre de la commission des Affaires sociales
publié le 21 juin 2019 à 6h14

Tribune. Les drapeaux arc-en-ciel orneront les rues de Paris ce samedi 29 juin à l'occasion de la Marche des fiertés et pourquoi pas les édifices républicains ? Cela relèverait, certes du symbole, mais ces gestes comptent alors que les agressions verbales et physiques portées contre les personnes LGBT augmentent et que les discriminations à leur encontre persistent dans la loi. Annoncée le 12 juin par le Premier ministre, la démocratisation de la PMA sera présentée en Conseil des ministres fin juillet dans le projet de loi sur la bioéthique pour être au Parlement fin septembre, après que toutes les autorités et institutions consultées, du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes au Conseil d'Etat, en passant par le défenseur des droits et le Comité consultatif national d'éthique se soient prononcés favorables à la démocratisation de la PMA.

Membre de l’opposition, je ne peux que saluer cette annonce, en rappelant au nouveau monde (comme à l’ancien) que c’est la droite alliée au centre qui a non seulement réformé le Pacs, mais surtout qui a légalisé l’avortement. Deux grandes avancées en faveur de l’égalité et de la liberté. C’est une page de l’histoire de la droite républicaine, à elle de continuer d’écrire cette histoire. Pour la PMA également, il est ici, certes, question d’égalité des droits dans l’accès à la procréation mais bien davantage.

Car au-delà du message d’égalité juridique que porte la PMA pour toutes, l’ouverture de cette technique médicale est une mesure de justice sociale et permettra à celles qui n’ont pas les moyens aujourd’hui d’aller à l’étranger d’accéder à cette technique dans leur propre pays. Et nos concitoyennes qui vont aujourd’hui à l’étranger ne prendront plus des risques considérables pour leur santé.

Sortons de l’hypocrisie, cessons d’alimenter artificiellement des clivages bassement électoralistes, et regardons avec lucidité une opinion française majoritairement favorable à l’extension de la PMA depuis une quinzaine d’années, déjà ! La société change et les familles aussi. Dont acte. Il y a de nos jours des familles avec des couples mariés, concubins, des familles monoparentales, recomposées et homoparentales avec des enfants épanouis comme tous les autres. Ces familles existent dans notre société mais elles demeurent trop souvent absentes de notre législation. Celle-ci doit être dans son temps, en phase avec son époque plutôt que de freiner inutilement et aller dans le sens contraire d’une réalité.

Femme, je ne peux pas fermer les yeux sur une discrimination contre mes concitoyennes. Mère, je ne peux pas fermer les yeux sur ce besoin intime de donner attention et amour à un enfant. Médecin, je ne peux pas fermer les yeux face à ces couples qui souffrent de ne pas trouver de solutions à leur impossibilité d’avoir des enfants et qui sont donc contraints de courir des risques effroyables pour leur santé. Députée, je ne peux pas fermer les yeux sur l’ambiguïté actuelle de nos lois qui ne sont ni réalistes, ni humaines et ni justes.

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