lesbiennesLes dates des prochaines manifestations anti-PMA, la provocation de trop ?

Par Antoine Patinet le 07/10/2019
anti-PMA

Les prochaines dates des manifestations des anti-PMA tombent sur des journées de visibilité des femmes et des LGBT+. Coïncidence ? Pas si sûr.

La provocation de trop ? Le journal conservateur Valeurs Actuelles a tweeté dimanche 6 octobre en début de soirée une information "exclusive" : les dates des prochaines mobilisations contre la PMA pour toutes. Et elles ont de quoi faire bondir.

Des dates clefs

Comme annoncées sur la scène du rassemblement anti-PMA pour toutes qui s'est déroulé hier à Paris, la prochaine manifestation aura donc lieu le 1er décembre, date de la journée mondiale de la lutte contre le SIDA. Puis, une nouvelle journée de mobilisation se tiendra le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Enfin, un rassemblement se tiendra également le 17 mai, date de la journée mondiale contre l'homophobie. Trois dates importantes pour la visibilité des personnes LGBT et des femmes.

https://twitter.com/ParisPasRose/status/1180886166805106688?s=20

Difficile de ne pas voir une provocation de la part des organisateurs. Surtout quand, comme le remarque le tweetos @ParisPasRose, la Manif Pour Tous s'associe à des organisations s'opposant ouvertement aux droits des femmes - et notamment à l'interruption volontaire de grossesse - pour organiser ces rassemblements : Alliance Vita et les Associations familiales catholiques.

"Nous pourrir jusque dans nos mobilisations"

Sur les réseaux sociaux, l'annonce de ces dates ont fait bondir les défenseurs de l'égalité des droits comme la militante lesbienne Gwen Fauchois, qui s'est exprimée sur son profil Facebook.

"La Manif Pour Tous se place en concurrente directe des journées de mobilisation contre le sida, pour le des droits des femmes et contre l'homophobie, la lesbophobie, et la transphobie. Evidemment, sans sérophobie, sans sexisme, sans homophobie, ni transphobie... Après avoir pratiqué l’inversion des stigmates, l’appropriation du pour tous, prétendu restreindre le champ d’application de l’homophobie, c’est dans leur logique de tenter de s'en prendre à nos outils, de nous sortir du champ de la visibilité et de l'espace public et médiatique et de nous pourrir jusque dans nos mobilisations"

Florence Thune, Directrice générale du Sidaction, se demande s'il s'agit d'une "ignorance", de "provocation" ou de "mépris".

 

Mais pour  La Manif pour Tous, tout cela n'est qu'une coïncidence. Interrogée par BFM TV.com, ce lundi matin, Ludovine de la Rochère affirme que "Ces dates ont été choisies en fonction du calendrier parlementaire, des prochaines échéances électorales et des vacances scolaires". "Nous n'avons pas épluché toutes les journées internationales, il y en a beaucoup. La lutte contre le Sida est bien évidemment un sujet primordial et je suis infiniment désolée qu'il puisse y avoir une ambiguïté", confie Ludovine de la Rochère, qui n'écarte pas l'idée de modifier certaines de ces dates afin de ne pas attiser tout sentiment de provocation "blessant et de mauvais goût". Pourtant, le mal est fait.

Des contre-rassemblements

La porte-parole de l'Inter-LGBT, Clémence Zamora-Cruz, avait d'ores et déjà annoncé que des contre-manifestations seraient organisées pour ces "dates incontournables pour les droits des personnes LGBTQI+ et les femmes." "Les personnes LGBTQI+ seront dans la rues ces jours-là pour vous tenir tête!" a-t-elle affirmé.

Et les twittos semblent déjà déterminés à se mobiliser.

Plusieurs personnes appellent aussi à organiser la Marche des Fiertés sur des fêtes chrétiennes emblématiques, comme Noël ou Pâques.

La militante et journaliste lesbienne Alice Coffin a toutefois trouvé une maigre occasion de se réjouir  : les organisateurs n'ont manifestement pas organisé de rassemblement le 26 avril, journée mondiale de la visibilité lesbienne.

La première édition de ces marches contre l'accès des femmes lesbiennes à la procréations médicalement assistée avait eu lieu ce dimanche, rassemblant selon la police environ 40.000 personnes dans les rues de Paris. L'organisme indépendant Occurence a lui, fait état de 74.000 manifestants. La Manif Pour Tous assure que 600.000 personnes étaient présentes dimanche.

Jusqu'à présent, chez TÊTU, on refusait de faire de la publicité aux dates des manifestations anti-PMA. On en parlait sans donner le jour exact, on trouvait des subterfuges. Mais cette fois, il nous était difficile de ne pas en parler.

 

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