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Les opposants à la PMA pour toutes réunissent quelques dizaines de milliers de personnes à Paris

Le contexte est moins favorable aux anti-PMA qu’au moment du débat sur le mariage pour tous, où la mobilisation avait été massive. Une majorité de Français soutient l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux lesbiennes.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 06 octobre 2019 à 19h46, modifié le 06 octobre 2019 à 20h01

Temps de Lecture 3 min.

Le défilé a rassemblé 74 500 personnes, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un collectif de médias.

Agitant des drapeaux vert et rouge « Liberté Égalité Paternité », plusieurs dizaines de milliers d’opposants à l’ouverture de la PMA à toutes les femmes ont marché dans le calme, dimanche 6 octobre, depuis les Jardins du Luxembourg, près du Sénat, jusqu’au pied de la Tour Montparnasse, à l’appel d’un collectif d’une vingtaine d’associations, dont la Manif pour tous.

Quelque 74 500 personnes ont marché dans la capitale pour cette mobilisation nationale, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias. Les organisateurs annoncent avoir comptabilisé de leur côté 600 000 manifestants. La préfecture de police de Paris avance elle le chiffre de 42 000. A titre de comparaison, 100 000 manifestants avaient défilé en France lors de la première action contre le mariage pour tous en novembre 2012.

« Cette manifestation, c’est un avertissement au gouvernement. Ouvrira-t-il le dialogue ou restera-t-il comme Hollande en 2012 dans le mépris ? », avait déclaré la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, avant le départ du cortège. Dans sa ligne de mire, l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, promesse de campagne d’Emmanuel Macron et mesure phare de la loi bioéthique adoptée en première lecture le 27 septembre par l’Assemblée nationale.

La grande majorité des études, réalisées pour l’essentiel à l’étranger, concluent que les enfants nés par PMA dans des familles homoparentales grandissent dans d’aussi bonnes conditions que les autres, mais les opposants réfutent leur « scientificité ».

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La ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, a dit dimanche sur LCI qu’elle n’était pas « surprise » par l’ampleur de la mobilisation, mais n’envisage pas de retrait du projet de loi. « Je trouve ça tout à fait légitime que cette partie de notre société française ait envie de s’exprimer », a-t-elle dit. « Le vote des députés est sans appel. La PMA pour toutes les femmes a été adoptée à une large majorité des voix. »

« On est pour la famille, pour l’identité nationale »

Dans le cortège, Guillemette est venue de Versailles avec ses amies du lycée. Elle ne veut pas que l’Etat crée « des orphelins de père ». Elle explique : « Il est important de défendre les droits de l’enfant, le droit d’avoir un papa et une maman. Les familles monoparentales, ça peut créer des problèmes, on leur donne des allocations… Evidemment, plein de familles se débrouillent très bien mais ce n’est pas une situation qui est choisie ». Avec ses parents, elle était déjà allée manifester en 2013, elle avait 10 ans, ses parents doivent arriver dans l’après-midi. « Avec la PMA, un enfant sera élevé par deux femmes. Et même s’il y a beaucoup d’amour, ça ne remplacera pas son père ».

Alain, un « gilet jaune » qui a participé à « 42 actes sur 47 », s’explique sur le rapport qu’il établit entre le mouvement et la PMA ? « On est pour la famille, pour l’identité nationale. C’est le même combat. Il n’y a pas de contradiction. Le cœur du mouvement des ’gilets jaunes’ est provincial, des gens qui subissent les effets de la mondialisation », explique-t-il, assurant n’appartenir à aucun parti politique, avant d’ajouter : « Nous sommes contre le déracinement. Or, la PMA et la GPA font partie des attaques du mondialisme ».

De nombreux manifestants affirment mener un combat « écologique » en s’opposant à la PMA. « On nous dit de respecter la nature, ce qui est biologique, mais pour l’homme, on a l’impression que tout est permis », dit Patrick, 53 ans, cadre dans l’industrie pharmaceutique. Beaucoup redoutent également que l’ouverture de la PMA entraîne la légalisation de la GPA, que le gouvernement a toujours qualifié d’« interdit absolu » et a exclu du projet de loi.

Une majorité de Français en faveur de la PMA

Le contexte est moins favorable aux anti-PMA qu’au moment du débat sur le mariage homosexuel, où la mobilisation avait été massive. Au plus fort de la contestation contre la loi Taubira, jusqu’à 340 000 personnes étaient descendues dans la rue selon la police, 1,4 million selon les organisateurs.

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Selon le dernier sondage de l’institut Ifop en septembre, une très large majorité de Français soutient l’ouverture de la PMA aux femmes seules (68 %) et aux lesbiennes (65 %), un « niveau record ».

Le contexte politique a aussi changé : « En 2013, descendre dans la rue, c’était aussi pour dire non à François Hollande et à une politique jugée antifamille », rappelle Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Depuis, le clivage gauche-droite s’est « affadi », souligne le politologue.

Seule une poignée d’élus Les Républicains étaient dans le cortège, dont deux des trois candidats à la présidence du parti - les députés Guillaume Larrivé et Julien Aubert – mais aussi l’eurodéputée François-Xavier Bellamy. Les eurodéputés du Rassemblement national Nicolas Bay et Gilbert Collard étaient aussi présents.

Les associations LGBT craignent, elles, que cette mobilisation relance les actes homophobes, qui avaient bondi en France en 2013. Sur Twitter, plusieurs familles homoparentales ont publié des photos de leurs enfants, sous le hashtag #despaillettesdansnosvies.

Le Monde avec AFP et Reuters

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