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« Moi, je ne voulais pas insulter les gens » : des enfants de La Manif pour tous face au souvenir des défilés

Alors que des rassemblements sont organisés ce week-end contre l’extension de la PMA, d’anciens participants, alors enfants, et qui se sont depuis découverts homosexuels ou bisexuels, regrettent d’avoir été associés à ce mouvement.

Par Rozenn Le Carboulec

Publié le 31 janvier 2021 à 02h46, modifié le 01 février 2021 à 16h25

Temps de Lecture 6 min.

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Lors d’un rassemblement de La Manif pour tous, à Paris, en mai 2013.

« Je ne comprenais pas ce que je foutais là, moi, je voulais jouer aux Playmobil. » Louise* avait 8 ans et ses frères 9 et 3 ans, quand sa mère les a amenés à un rassemblement de La Manif pour tous à Lyon. C’était en mars 2013.

Ce mouvement créé quatre mois auparavant multipliait les manifestations en opposition au projet de loi ouvrant le mariage à tous les couples qui était examiné au Parlement. Samedi 30 et dimanche 31 janvier, de nouveaux rassemblements ont été organisés, cette fois contre l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA).

Louise y repense à chaque fois qu’elle passe près de l’opéra. Ce jour-là, elle a demandé à sa mère pourquoi elle manifestait. « Elle m’a répondu, en gros, qu’il y avait des femmes qui ne voulaient plus d’hommes. J’ai rétorqué : “C’est comme les mantes religieuses qui tuent les mâles, c’est trop méchant.” Mais je ne comprenais rien, en réalité. Je n’avais jamais entendu parler d’homosexualité. »

Dans les Hauts-de-Seine, Gabrielle* lisait un livre dans sa chambre quand sa mère est venue lui demander « si, pour [elle], une famille, c’était un papa, une maman et des enfants ». « Comme c’est le seul modèle que je connaissais, j’ai répondu oui », se souvient-elle. Quelques heures plus tard, elle se retrouvait, avec son frère, sa sœur et ses parents, à un rassemblement de La Manif pour tous. « J’aurais préféré rester chez moi pour continuer ma lecture », se remémore-t-elle. Elle avait alors 10 ans.

Perdue au milieu de la foule

Marie*, elle, se réjouissait d’aller passer le week-end à Paris, avec son petit frère et sa petite sœur, de 9 et 6 ans. « Je pensais que c’était pour aller voir mes cousins et visiter le musée du Louvre », raconte-t-elle. Dans le train qui les conduit de Lyon à la capitale, de nombreux passagers agitent de petits drapeaux roses et bleus. « Ma mère m’a dit qu’on allait les rejoindre car on allait à la manif avec eux. » Mais, à l’époque, Marie n’avait aucune idée de ce à quoi pouvait bien correspondre ce « eux ».

Le 24 mars 2013, pourtant, elle était comptabilisée, comme beaucoup d’autres enfants, dans les centaines de milliers de manifestants anti- « mariage pour tous ». Au milieu de cette foule immense, elle était perdue. « Plusieurs personnes criaient des insultes homophobes, j’avais mal au crâne, se remémore Marie. Ma mère nous avait bien mis devant, elle portait ma petite sœur pour qu’elle crie haut et fort, il fallait qu’on affiche notre famille. Moi, je ne voulais pas insulter les gens, alors j’avais fait exprès de me mettre en retrait pour ne pas crier. Si ma mère m’avait vue, elle m’aurait forcée. »

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