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Rejet au Sénat de la PMA pour toutes : les associations LGBT et de célibataires furieuses

Le 30 janvier, des manifestants défilaient dans la rue pour défendre la «PMA pour tou.te.s».
Le 30 janvier, des manifestants défilaient dans la rue pour défendre la «PMA pour tou.te.s». JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

«Lamentable», «ignoble», «superbe leçon de patriarcat» : les associations LGBT et représentant les mères seules étaient furieuses jeudi 4 février, après le rejet par le Sénat de l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux célibataires.

Le Sénat à majorité de droite a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi le projet de loi de bioéthique, amputé de sa mesure emblématique, l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Cette disposition pourra toutefois être rétablie par les députés. «C'est absolument lamentable», a réagi Véronique Cerasoli, de SOS Homophobie. «Au 4 février, il n'y a donc plus de PMA pour toutes. L'article 1 est rejeté. On a passé un cap», a-t-elle déploré. «Derrière ça, il y a des femmes baladées depuis des années de débats en débats, ponctués de manifestations des opposants» à l'extension de la PMA. «C'est du mépris, une insulte envers les femmes lesbiennes qui attendent la PMA depuis si longtemps».

L'ouverture de la PMA à toutes les femmes était une promesse du président François Hollande (2012-2017) puis d'Emmanuel Macron. Depuis un an, le texte a pris du retard en raison de la crise sanitaire. Pour Nicolas Faget, de l'Association des parents gays et lesbiens (APGL), «il y a un manque d'ambition politique derrière ce qui s'est passé au Sénat». «La PMA pour toutes était une promesse d'Emmanuel Macron mais on ne l'a pas entendu sur le sujet depuis plus de deux ans. C'est le moment de l'entendre», a-t-il plaidé. «L'Assemblée va rétablir le texte, donc on ne s'en fait pas trop», précise Nicolas Faget. «Mais que le Sénat instrumentalise les familles pour une guéguerre politique, c'est ignoble. C'est dégueulasse de jouer avec les espoirs des familles», s'est-il emporté.

«Non seulement l'avancée fondamentale que représente la PMA pour de nombreuses femmes a été supprimée mais les sénateurs avaient préalablement honteusement écarté les femmes seules», a déploré pour sa part Bénédicte Blanchet, de l'association Mam'ensolo. Mardi, le Sénat avait notamment voté un amendement au projet de loi bioéthique excluant les femmes célibataires de l'extension de la PMA. «C'est une superbe leçon de patriarcat de la part d'hommes non intimement concernés par le sujet, manifestement non informés, et attachés à une vision traditionaliste plus du tout actuelle de la famille», a-t-elle poursuivi. Le Sénat «joue avec les nerfs des Françaises», a écrit dans un communiqué l'association Les Enfants d'Arc en Ciel.

À l’opposé, l'organisation conservatrice La Manif pour tous s'est félicitée du «coup d'arrêt pour la PMA sans père». «La mobilisation a payé ! Le succès des manifestations organisées par La Manif pour tous (...) a poussé les sénateurs à réécrire le projet de loi de fond en comble», dit son communiqué. La Manif pour tous a aussi appelé le gouvernement à «suspendre le processus parlementaire et concentrer son action sur la seule préoccupation des Français : la crise sanitaire et ses conséquences économiques et sociales dramatiques».

À voir aussi - PMA: les opposants à la loi bioéthique manifestent avant le retour du texte au Sénat

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188 commentaires
  • EBM

    le

    D'un autre côté ils avaient promis de ne pas revenir dessus pour passer les textes il y 5 ans... mais bon LREM ce n'est pas la gauche, hein... (juste des ex socialistes).

  • E6O8

    le

    J'invite les figaronautes à lire l'intégralité de l'avis publié par l’Académie Nationale de Médecine. Car les objections qu'il soulève, vis à vis du projet de PMA sans père, sont beaucoup plus nombreuses et profondes que celles rapportées par les médias.
    .
    L'ANM fait une critique détaillée du projet d'extension de la PMA, dénonçant dans l'ordre :
    1. Les risques pour le développement psychologique et l'épanouissement de l'enfant.
    2. Les risques spécifiques liés à l’extension de la PMA aux femmes seules, en raison de la vulnérabilité avérée, et reconnue par tous les spécialistes, de la structure monoparentale.
    3. Un projet qui méconnaît l’importance de l’altérité et la différence homme-femme, pour la conception et le développement de l'enfant.
    4. La levée partielle de l'anonymat qui ne satisfait pas les enfants en quête de leurs origines, mais découragera nombre de donneurs.
    5. La pénurie annoncée de gamètes, qui dégradera, pour tous ceux qui en ont vraiment besoin, l’accès à l'AMP.
    6. Le dévoiement du principe d’égalité.
    7. La dérive vers la marchandisation du corps humain, qui met en cause les principes essentiels de la bioéthique française.
    8. L'absurdité et l’iniquité de la prise en charge de PMA sans justification thérapeutique, par la solidarité nationale.
    9. La dérive de la pratique médicale vers une prestation de service médicalisé, qui relève du simple business.

  • E6O8

    le

    La PMA sans père consacre un bouleversement, une rupture anthropologique majeure, que les activistes du lobby LGBT et du droit à l'enfant, prisonniers de leurs désirs égoïstes, refusent obstinément de voir.
    .
    Historiquement, la structure anthropologique essentielle que constitue la famille est fondée sur la réalité biologique de l'accouchement (traduite il y a 2000 ans dans le Droit Romain !,) et sur la bilinéarité paternelle et maternelle nécessaire à toute procréation.
    D'éminents anthropologistes, tels Lévi-Strauss ou Lacan, ont largement insisté sur le caractère essentiel de cette structure familiale, premier cercle de solidarité, mais aussi sur l’importance de l’ordre symbolique qu'elle revêt, pour la construction des liens de parenté / filiation, et en définitive de l'identité et de la personnalité de l'enfant, en réaffirmant le rôle essentiel de la (nécessaire) différence des sexes et des générations.
    .
    Certains objectent qu’il existe ou a existé des sociétés sans père, ni mari, mais sont bien en peine de les nommer.
    Et pour cause : à force de rejeter les réalités et contraintes de la biologie, ces sociétés n'ont, pour la plupart, jamais survécu très longtemps...

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