Le Kenya en passe de décriminaliser l’homosexualité : « ce serait une victoire pour tout le peuple »

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Le 24 mai marquera peut-être l’Histoire du Kenya. La Cour Constitutionnelle pourrait invalider la loi du code pénal interdisant les relations homosexuelles. Une énorme victoire attendue et espérée par les personnes LGBT+ rencontrées sur place par Komitid.

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Le visage d'un homme à Nairobi - Shalom Mwenesi / Unsplash
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Il me donne rendez-vous en milieu de matinée dans un parc de la capitale Nairobi. Avant de s’asseoir, ce jeune homme de 35 ans aux cheveux teints en blond regarde autour de lui. Il ne souhaite pas me donner son identité. Nous l’appellerons Andrew. Pour rencontrer des homosexuels au Kenya qui acceptent de témoigner, il faut s’armer de patience. Ici, les personnes LGBT+ se cachent car s’exposer, c’est prendre des risques.

Andrew vient d’une petite ville du centre du Kenya. Élevé par sa mère, il grandit dans un milieu très religieux. « J’ai vécu déchiré entre ce que je ressentais au fond de moi et ce que j’entendais à l’Église tous les dimanches. Le prêtre disait que l’homosexualité était mauvaise et rejetée par dieu, que les gays iraient en enfer, qu’ils avaient besoin d’être délivrés du démon. J’avais l’impression que je ne méritais pas de vivre. »

Andrew se persuade qu’il peut changer et révèle tout à sa mère à 25 ans. Il subit alors une séance d’exorcisme organisée par l’église de son quartier. « C’était effrayant. Des dizaines de personnes priaient autour de moi pendant des heures, criaient pour que le démon quitte mon esprit. J’ai cru que cela avait marché pendant quelques jours, que j’étais guéri. Mais très vite, j’ai réalisé que j’aimais les hommes et que rien n’y changerait. » Andrew finira par s'accepter après avoir lu des livres et entendu des témoignages. Aujourd’hui, il s’assume mais ne s’expose pas pour autant.

La justice comme espoir

Le 24 mai prochain (la date initiale, le vendredi 22 février, a été repoussée)* une décision de justice pourrait bousculer une société kenyane encore ultra conservatrice et puritaine. La loi du code pénal qui interdit les relations homosexuelles pourrait être déclarée inconstitutionnelle par la Cour et ainsi être abolie.

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