LGBTQI+Brésil : Bolsonaro fait disparaître les questions LGBT+ du ministère des Droits de l'homme

Par Youen Tanguy le 03/01/2019
bolsonaro

Quelques heures seulement après son investiture, Jair Bolsonaro a décidé de retirer du ministère des Droits de l'homme les préoccupations liées aux personnes LGBT+. De quoi faire craindre le pire pour l'avenir.

C'est une décision très inquiétante. Quelques heures seulement après son arrivée au pouvoir ce mardi 1er janvier, le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro a pris deux décisions, dont l'une qui vise directement la communauté LGBT+.

Dans une ordonnance publiée le 2 janvier au Journal officiel, il retire de son nouveau ministère des Droits de l'homme, dont Damares Alves est à la tête, les "préoccupations liées aux personnes LGBT+". La veille, lors de son discours d'investiture, il avait vivement critiqué ce qu'il appelle "l'idéologie de genre", la qualifiant de "menace pour les valeurs chrétiennes du Brésil".

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D'autres attaques à craindre

"Les revendications des personnes LGBT sont très délicates, mais mes relations avec les mouvements LGBT sont très bonnes, avait pourtant assuré Damares Alves, qui aura été chargée de ces questions l'espace de quelques heures seulement. Il est possible d’avoir un gouvernement de paix entre le mouvement conservateur, le mouvement LGBT et les autres mouvements."

Interrogée par l'agence de presse AP à ce sujet, l'activiste LGBT+ Symmy Larrat s'est montrée très pessimiste. "Il n'y a aucun signe indiquant qu'une structure gouvernementale s'occupera des questions relatives aux personnes LGBT+", a-t-elle regretté.

Selon le journal Folha de S. Paulo, Jair Bolsonaro s'apprête également à annoncer la fermeture d'une agence du ministère de l'Education chargée de la promotion de la diversité dans les écoles publiques et les universités.

Des attaques contre toutes les minorités

Et Bolsonaro ne s'en est pas pris qu'aux personnes LGBT+. L'ordonnance publiée le 2 janvier prévoit aussi que la démarcation des terres indigènes, autrefois gérée par la Fondation nationale de l'Indien (Funai), le soit désormais par le ministère de l'Agriculture. Tereza Cristina, à la tête de ce ministère, aura à sa charge la "réforme agraire, la régularisation de la propriété dans les zones rurales et les terres indigènes".

"Pour les défenseurs de la cause indienne, ce transfert de compétences dans la démarcation des terres revient à livrer les territoires ancestraux à l'appétit vorace de l'agrobusiness", analyse le Huffpost.

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L’élection de Jair Bolsonaro, ouvertement homophobe, fait en tout cas craindre le pire. A l’approche de sa prise de fonction, le nombre de mariages entre personnes de même sexe a explosé au Brésil. Le 30 octobre dernier, plusieurs jeunes LGBT+ confiaient à TÊTU qu’ils envisageaient même de quitter leur pays.

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