Stade arc-en-ciel à Munich : Paris fustige une « décision politique » de l’UEFA

L’UEFA défend son refus d’illuminer le stade pour le match de l’Euro, mais a paré son logo des couleurs LGBT sur Twitter, ce mercredi.

Temps de lecture : 6 min

C'est une polémique dont l'Euro 2020 se serait bien passé. Après le refus de l'UEFA de laisser le stade de Munich afficher ce mercredi 23 juin les couleurs arc-en-ciel de la communauté LGBT lors du match entre l'Allemagne et la Hongrie, les reproches se multiplient contre l'instance du football européen. Le secrétaire d'État français aux Affaires européennes Clément Beaune a qualifié ce renoncement de « décision politique ». La présidence française a quant à elle affirmé regretter « profondément » la décision de l'UEFA.

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« L'UEFA s'est un peu pris les pieds dans le tapis parce qu'en fait sa décision de refus est aussi une décision politique », a-t-il déclaré mercredi matin sur France Inter. « Si elle pensait que tout cela était neutre, cela ne susciterait pas l'émotion et la polémique que l'on voit depuis vingt-quatre heures », a également regretté Clément Beaune. De son côté, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a estimé que l'UEFA avait envoyé un « mauvais signal ». « C'est vrai, le terrain de football n'a rien à voir avec la politique. Il s'agit de personnes, d'équité, de tolérance. « Nous regrettons profondément la décision de l'UEFA d'interdire que le stade de Munich soit illuminé aux couleurs LGBTQI », et nous avons « une forme d'incompréhension, car c'est une instance religieusement neutre et apolitique, mais qui a des valeurs », a précisé un conseiller de la présidence.

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Un sujet sur le point d'être abordé au Conseil européen

La loi hongroise est « un sujet très vif de préoccupation » pour l'Élysée, pour qui c'est « une bonne nouvelle du point de vue des valeurs » que la Commission européenne ait engagé une procédure d'infraction. Cela montre que « l'Europe est en capacité de réagir en cas d'atteinte profonde » de ses valeurs, a ajouté le conseiller, estimant que « les amalgames fait [en Hongrie] entre homosexualité et pédophilie sont ignominieux ». « Il est très probable que le sujet sera abordé au Conseil européen » jeudi 24 et vendredi 25 juin, car « il y a un besoin de discussions et d'explications entre chefs d'État », selon l'Élysée. Quant à l'UEFA, « elle a souvent fait la promotion, et heureusement, du respect et des droits des minorités, et elle ne veut pas en faire un acte politique, mais en renonçant à ses valeurs, c'est un acte politique qui est pris », a conclu le conseiller.

L'UEFA pare son logo d'un arc-en-ciel

De son côté, l'UEFA a défendu mercredi son refus de laisser le stade de Munich s'illuminer aux couleurs de la communauté LGBT pour recevoir la Hongrie, mais a paré sur Twitter son propre logo d'arc-en-ciel en réaffirmant son « engagement ferme » contre l'homophobie. L'instance européenne a assuré que sa décision n'était pas « politique », à la différence de la demande de Munich destinée à protester contre une récente loi hongroise jugée discriminatoire envers les homosexuels.

Cette requête était « liée à la présence de l'équipe de football de Hongrie dans le stade pour le match face à l'Allemagne », rappelle l'UEFA alors que la rencontre doit boucler mercredi soir la phase de poules du tournoi tenu dans onze villes-hôtes de onze pays, dont Munich et Budapest. L'instance, qui compte 55 fédérations membres dans des pays aux paysages politiques variés, s'efforce de tenir les questions politiques à distance, tout en affichant ses « valeurs » égalitaires, un équilibre dont l'affaire du stade de Munich a révélé la fragilité. « Pour l'UEFA, l'arc-en-ciel n'est pas un symbole politique, mais le signe de notre ferme engagement pour une société plus diverse et inclusive », affirme ainsi l'organisation dans un bref texte posté sur Twitter.

L'instance a donc encerclé son logo des couleurs qu'elle refuse de voir arborées face aux Hongrois, estimant que l'arc-en-ciel « symbolise [ses] valeurs », soit « une société plus juste et égalitaire, tolérante de tous, peu importe leur histoire personnelle, croyances ou genre ». La Hongrie a adopté mardi dernier un texte interdisant la « promotion » de l'homosexualité auprès des mineurs, suscitant l'inquiétude des défenseurs des droits alors que le gouvernement souverainiste de Viktor Orban multiplie les restrictions visant la communauté LGBT.

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Munich va déployer des drapeaux LGBT dans la ville

Malgré ce refus, la municipalité de Munich n'a pas dit son dernier mot. La ville va pavoiser plusieurs bâtiments aux couleurs arc-en-ciel après la décision « honteuse » de l'UEFA d'interdire l'éclairage du stade pour le match Allemagne-Hongrie prévu mercredi 23 juin 2021, avait annoncé, mardi, le maire. « Nous, à Munich, nous ne nous laisserons en aucun cas empêcher d'envoyer un signal clair à la Hongrie et au monde » au sujet des discriminations visant les personnes homosexuelles, a déclaré à la presse Dieter Reiter, annonçant que l'hôtel de ville ou encore une tour et une éolienne situés à proximité du stade Allianz Arena seraient décorés avec des drapeaux aux couleurs arc-en-ciel.

La capitale bavaroise entend ainsi s'élever contre le vote à la mi-juin d'une loi en Hongrie, à l'initiative du parti souverainiste du Premier ministre Viktor Orban, interdisant la diffusion aux mineurs de contenus sur l'homosexualité notamment. Cette nouvelle législation, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, a également suscité l'ire de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a fustigé, mercredi, un texte allant à l'encontre « des valeurs fondamentales de l'Union européenne » et même « une honte ». Bruxelles enverra une lettre à Budapest pour exprimer ses « préoccupations » sur le plan légal, a-t-elle précisé.

« Un signal d'humanité »

« Je trouve honteux que l'UEFA nous interdise, ici à Munich, d'envoyer un signal pour le cosmopolitisme, la tolérance, le respect et la solidarité avec les personnes de la communauté LGBT », a dénoncé le maire bavarois. « Nous parlons beaucoup de politique. […] Ce n'est pas de la politique, mais un signal d'humanité que nous voulons envoyer », a expliqué l'édile. D'autres initiatives de solidarité fleurissent : la chaîne privée allemande ProSieben a décidé d'habiller son logo des couleurs arc-en-ciel. Les clubs de football de Francfort et de Cologne ont également annoncé qu'ils illumineraient leurs propres stades en soirée à ces couleurs. Le Stade olympique de Berlin et celui de Wolfsburg ont prévu de faire de même.

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Des quotidiens allemands, comme la Süddeutsche Zeitung, suivaient mercredi le mouvement avec des unes colorées. Les poids lourds de l'économie bavaroise, tels que Siemens ou BMW, se sont eux aussi drapés sur Twitter des couleurs arc-en-ciel. La décision de l'UEFA a été en revanche saluée par le gouvernement hongrois de Viktor Orban. « Dieu merci, les dirigeants du football européen ont fait preuve de bon sens […] en ne participant pas à ce qui aurait été une provocation politique envers la Hongrie », s'est félicité le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto. Et plusieurs clubs de football hongrois vont éclairer mercredi leur stade aux couleurs du drapeau national, rouge-blanc-vert, pendant le match de l'Euro Allemagne-Hongrie. Mais la décision de l'UEFA a provoqué la consternation en Allemagne.

La chaîne de télévision publique allemande ARD a parlé d'un « but contre son camp » marqué par l'UEFA. Avant le match, les organisateurs de la marche des fiertés de Munich, associés à Amnesty International, prévoient de distribuer 11 000 drapeaux arc-en-ciel aux spectateurs (seules 14 000 places seront occupées, en raison des restrictions dues au Covid-19). L'ambiance pourrait se tendre avec des fans hongrois. La « Brigade des Carpates » groupe d'ultras reconnaissables à leurs tee-shirts noirs, prévoit de débarquer « par milliers » à Munich, selon sa page Facebook. Un temps annoncé par des médias allemands, Viktor lui-même ne devrait pas assister au match à Munich.

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Commentaires (113)

  • tonton jacquot

    Etre hétéro semble être une tare, vu que l'on est défendu par personne, je souhaite qu'une personne va créer ce lobby sans devenir une nouvelle cible.

  • mustel

    "Paris" fustige ! Paris n'a sans doute rien d'autre à faire que de faire des déclarations sur des sujets sans importance et, qui plus est, concernant un pays indépendant et même ami.
    Avec la volée qu'il vient de ramasser aux élections, "Paris" ferait mieux de s'occuper des problèmes sérieux qui ne manquent pas. Et d'arrêter de ramasser les mégots qui trainent...

  • dutch1

    Vous remettez l'église au centre du village.