Premier prince ouvertement homosexuel, il ouvre son palais en Inde aux membres de la communauté LGBT pour les protéger

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En Inde, les mœurs sont très différentes de chez nous. Aujourd’hui encore, l’homosexualité y est peu assumée, car punie par la loi. Le prince Manvendra Singh Gohil est le premier à avoir revendiqué son statut, et vient aujourd’hui en aide à l’ensemble de la communauté LGBT indienne en permettant à celles et ceux qui le souhaitent de venir s’installer dans son palais pour fuir les brimades et autres persécutions. Son action permettra-t-elle une avancée majeure de la cause LGBT en Inde ?

Il a aujourd’hui 52 ans, mais pendant très longtemps il a dû cacher la vérité à tout le monde. Manvendra Singh Gohil a été marié à une femme pendant quelques mois en 1991 avant de lui révéler son homosexualité, un secret qu’il ne pouvait plus garder au quotidien, réalisant son coming out auprès de son épouse dans un pays où cela reste encore très rare de nos jours. Bien sûr, la véritable raison de leur divorce est restée secrète pendant très longtemps.

L’orientation sexuelle de Gohil éclate cependant au grand jour en 2002, lorsque son psychiatre révèle son homosexualité à ses parents, alors qu’il vient d’être hospitalisé en raison de crises de nerfs répétées. S’ils tiennent à garder ce fait secret, il ne tarde pas à fuiter. L’ensemble du pays l’apprend, la population est saisie d’une grande hostilité à son égard, allant jusqu’à souhaiter sa destitution.

Crédit photo : Getty Images / Chelsea Guglielmino / WireImage
Mais Manvendra Singh Gohil décide de s'assumer complètement et de lutter activement pour la cause LGBT en Inde : il fait de la prévention concernant les infections sexuellement transmissibles dans le nord-ouest du pays et prend la tête de l’association Lakshya Trust ayant pour but d’établir une tolérance sexuelle en Inde, d’aider les membres de la communauté LGBT à s’affirmer sans crainte dans la société, et d’amener l’égalité des sexes.

Comme le dit le prince Gohil :
« Les parents font du chantage aux enfants et les obligent à se marier avec des personnes de l’autre sexe. Des gens de la communauté me racontent que les mères de certains d’entre eux ont menacé de se suicider s’ils étaient homosexuels. Ils ne veulent pas les voir se jeter dans un puits, alors ils ont la pression de se marier ».
Même s’il a tendance à reculer quelque peu, le mariage arrangé reste une pratique très ancrée en Inde, où l’homosexualité est toujours un immense tabou, dans un pays où selon lui il est en soi déjà très mal vu de parler de sexe. Le prince ajoute que beaucoup se retrouvent SDF car jetés de chez eux lorsque leurs parents apprennent la vérité, dans un pays où selon lui « les gens sont si attachés à leurs parents qu’ils ne peuvent vivre sans eux ».

« J’ai besoin d’aider ces gens qui se retrouvent sans foyer, sinon ils mourront, se suicideront ou sombreront dans la dépression »

Il dit y penser depuis quinze ans maintenant, et ça y est, il l’a fait. Manvendra Singh Gohil a ouvert son immense palais aux membres en difficulté de la communauté LGBT. Il y héberge ceux qui se sont retrouvés sans domicile fixe, et cherche à les rendre financièrement indépendants de leurs parents. Le prince fournit également des soins médicaux à ceux qui en ont besoin, et souhaite organiser dans ce palais qui a vu défiler en son sein des stars comme Ian Flemming, célébrissime auteur de James Bond il y a des décennies, des séminaires de prévention et d’enseignement du sexe protégé, ainsi que des ateliers de discussion ouverts aux familles dont les enfants sont homosexuels. Ce palais, surnommé depuis « le palais rose » pourrait peut-être devenir l’origine d’un fabuleux bouleversement sociétal, Manvendra Singh Gohil disposant d’une renommée mondiale en tant que premier prince indien ouvertement gay, ayant même été reçu chez Oprah Winfrey.

« Il y a deux buts. L’autonomisation sociale d’une part, et l’autonomisation économique d’autre part. L’idée est d’enseigner aux gens comment devenir autonomes pour qu’ils puissent gagner leur vie grâce à leurs talents. La communauté subit énormément de discrimination, alors nous souhaitons que ses membres se sentent confiants »

Nous ne pouvons que souhaiter le meilleur au prince Manvendra Singh Gohil, ainsi qu’à son pink palace.

Au sujet de l'auteur : Hugo Nikolov

Journaliste