Le Scottish National Party (SNP), parti indépendantiste écossais au pouvoir à Holyrood (le Parlement d’Edimbourg) depuis quatorze ans, tenait sa conférence annuelle du 10 au 13 septembre. Le rendez-vous était entièrement virtuel pour cause de quatrième vague du Covid-19 : autant dire qu’il manquait d’ambiance, entre discours préenregistrés des dirigeants, Nicola Sturgeon, la première ministre, ou John Swinney, son adjoint, et prises de parole des militants perdues dans le flux des réseaux sociaux.
Les membres du parti ont quand même voté à une large majorité pour la création d’une compagnie nationale de l’énergie – un sujet majeur de préoccupation à un mois et demi de l’ouverture de la COP26, à Glasgow, la capitale économique de l’Ecosse. Ils ont évidemment beaucoup débattu d’un deuxième référendum sur l’indépendance du pays après celui, raté, de 2014 (55,3 % des Ecossais avaient voté pour rester britanniques). Mais, malgré la frustration de nombreux délégués, la très prudente Nicola Sturgeon s’est bien gardée d’aller plus loin que sa vague promesse d’un scrutin « après la crise pandémique » et, idéalement, avant fin 2023.
Au moins, le parti a-t-il réussi à éviter le sujet qui le divise le plus depuis au moins deux ans : les droits des transsexuels. En 2016, le SNP annonce qu’il veut revoir une loi britannique (le Gender Recognition Act, GRA) afin de faciliter et d’accélérer la reconnaissance de la nouvelle identité sexuelle d’une personne. Selon les termes du GRA, une personne peut obtenir le changement de son identité sexuelle sur son acte de naissance à condition de disposer d’un diagnostic médical de dysphorie de genre et d’être en mesure de prouver qu’elle vit depuis au moins deux ans en accord avec sa nouvelle identité sexuelle.
Colère des associations féministes
Le nouveau texte de loi propose de se passer du diagnostic médical et de faire passer à six mois la période durant laquelle une personne trans doit avoir vécu en accord avec sa nouvelle identité sexuelle. « Le SNP est soucieux de se présenter comme un parti très progressiste avec des valeurs proches de celles des démocraties scandinaves et, surtout, il veut être perçu comme l’antithèse du gouvernement conservateur britannique. Il a peut-être pensé que réformer le GRA représenterait une victoire politique facile. Mais il s’est trompé », estime Sarah Pedersen, spécialiste des mouvements féministes écossais à l’université Robert-Gordon, à Aberdeen.
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