A nos enfants de la matrie… Le programme du film, engagé, est engageant. C’est le Brésil d’avant, avant Bolsonaro et avant la pandémie ; c’est aussi le Brésil d’après, après la dictature militaire qui prit fin en 1985. Rio de Janeiro, entre favelas où les gosses de rue jouent au futebol, évitent les balles perdues des cartels, et quartiers d’urbains modernes, dont des couples homosexuels qui cherchent à avoir un enfant. Le film de Maria de Medeiros, tourné en 2018, témoigne d’une parenthèse presque enchantée : entre le récit de lutte éclairée qu’il convoque et l’actualité d’une présidence fascistoïde qui l’a rattrapé. Mais la déception vient de ce qu’il ne s’extirpe pas de la ligne de partage entre ses deux personnages, une fille et sa mère, dos à dos, bornées.
Le téléphone sonne toujours à point
La mère, Vera, la fille, Tania (avec «dans son propre rôle» Laura Castro qui écrivit la pièce dont le film est adapté) : la mémoire de la guérilla, le trauma de la prison, torturée par la junte, pour la première ; le futur radieux de la seconde sur le point de devenir mère elle-même de l’enfant que sa compagne attend – seule plane l’ombre de Vera avec qui elle est brouillée. Les bons sentiments peuvent suffire à un récit, pas les meilleures intentions. En se remettant trop aux balises clignotantes de son sujet,