TRIBUNE

Brève histoire du péché de sodomie

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LGBT +dossier
Après l’IVG, la droite conservatrice et chrétienne américaine veut à nouveau pénaliser les relations sexuelles entre hommes. Qu’en dit vraiment l’Eglise depuis le Moyen Age ?
par Florian Besson, historien médiéviste, membre du collectif Actuel Moyen Age et Catherine Rideau-Kikuchi, historienne médiéviste, membre du collectif Actuel Moyen Age
publié le 3 juillet 2022 à 19h44

Dans une interview, le procureur général du Texas vient de déclarer qu’il serait favorable à une loi rétablissant l’interdiction de la sodomie. Une décision «moyenâgeuse», comme on le dit à chaque recul de droits ? Ce n’est pas si simple.

De fait, dès le début de la période médiévale, la sodomie est officiellement condamnée par des théologiens chrétiens. Le terme de «sodomie», dérivé de la ville de Sodome, punie par le dieu de l’Ancien Testament pour les «crimes contre nature» de ses habitants, a alors un sens très différent du nôtre – et c’est l’une des difficultés quand on étudie ce sujet. Les auteurs médiévaux s’en servent en effet pour désigner un ensemble d’actes sexuels considérés comme répréhensibles moralement et religieusement, notamment parce qu’ils ne permettent pas directement la procréation, qui est pour eux le seul but légitime d’un rapport sexuel. Au fil des textes et des auteurs, ce mot peut donc désigner au Moyen Age la masturbation, la «bestialité» (le fait d’avoir des relations sexuelles avec un animal) ou encore le sexe oral. Dans certains cas, il n’est même pas question de sexualité et le terme renvoie alors à toute forme de déviance vis-à-vis de l’ordre moral ou politique : trahir son seigneur, manquer trop souvent la messe ou porter des habits d’homme quand on est une femme peut suffire à se voir reprocher des actes de «sodomie». Cette porosité du vocabulaire, qui s’est maintenue pendant longtemps, invite à la prudence dès qu’on étudie ces questions pou

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