Trois camions affichant des slogans contre les traitements censés "guérir" les orientations sexuelles des gays, le 14 janvier 2019 à Nankin en Chine

Trois camions affichant des slogans contre les traitements censés "guérir" les orientations sexuelles des gays, le 14 janvier 2019 à Nankin en Chine

afp.com/STR

Pékin a dépénalisé l'homosexualité en 1997 et l'a retirée de sa liste des maladies mentales en 2001. Mais les gays et lesbiennes font encore l'objet d'une très forte pression familiale et sociale.

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Ils sont nombreux à se résigner au mariage pour répondre au désir de petits-enfants de leurs parents. Et sont parfois incités par leurs proches à subir des traitements de "réorientation" à base de médicaments, d'isolements ou d'électrochocs.

Ces "thérapies de conversion" sont considérées comme non scientifiques et inefficaces par les experts. Certains hôpitaux les proposant ont été condamnés par la justice chinoise. Mais de nombreux autres sont toujours actifs.

L'artiste chinois Wu Qiong, excédé par ces pratiques, a choisi de lancer une campagne-choc itinérante afin d'attirer l'attention de ses compatriotes sur le phénomène.

Il dit avoir été inspiré par le film américain "3 Billboards: les panneaux de la vengeance" (2017), où une mère de famille en colère (interprétée par l'actrice Frances McDormand) fait afficher trois panneaux accusateurs pour interpeller la police après le viol et le meurtre non élucidé de sa fille.

"Ce film visait à soulever des problèmes non résolus. On voulait également utiliser cette méthode pour émettre des doutes quant à ces thérapies de conversion", explique M. Wu à l'AFP.

Cet artiste de 28 ans basé dans la métropole de Shenzhen (Sud) affirme ne pas être homosexuel. Il fait équipe avec un policier seulement connu par son nom de famille: M. Lin.

"Un traitement contre une maladie qui n'existe pas", proclame en caractères chinois noirs sur fond rouge un des panneaux montés sur les camions sillonnant les rues.

Les deux autres portent les messages suivants: "La classification chinoise des désordres mentaux inclut toujours les désordres d'orientation sexuelle" et "Cela fait 19 ans, pourquoi ?".

La campagne a commencé à Shanghai (Est) le weekend dernier. Elle devrait se poursuivre dans sept autres villes du pays, dont la capitale Pékin.

Ce type de mise à l'index publique est inhabituelle en Chine, où le niveau de tolérance des autorités envers toute manifestation pouvant "troubler l'ordre de public" est extrêmement bas. Mais Wu Qiong assure qu'il n'a rencontré aucune opposition jusqu'à présent.

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