3 questions aux commissaires de Loud & Proud, le festival des cultures queer

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« Loud & Proud c'est un outil d'empouvoirement pour les personnes de notre communauté, une plate-forme d’expression et une machine à donner de la visibilité. »

Affiche officielle de l'édition 2019 du Festival des cultures queer Loud & Proud - Loud & Proud
Affiche officielle de l'édition 2019 du Festival des cultures queer Loud & Proud - Loud & Proud

C’est presque devenu une tradition. Tout les deux ans,  le festival des cultures queer Loud & Proud investi les murs de la Gaïté Lyrique à Paris. La troisième édition (dont Komitid est partenaire) aura lieu cette année du 4 au 7 juillet avec au programme des artistes comme Angel Ho, Nakhane mais aussi Virginie Despentes et Béatrice Dalle, en live avec Zëro et un ball voguing, organisé pour la clôture. Outre les performances, de nombreuses tables rondes, débats, ateliers et rencontre seront aussi organisés pendant les quatre jours du festival.

Engagé et radical, Loud & Proud se veut queer, évidemment, mais aussi féministe et intersectionnel. Dans les mots des organisateurs et organisatrices, le but de l’évènement est de donner « à voir et à entendre la créativité des communautés artistiques, des minorités et des contre-cultures qui façonnent notre temps ». À quelques jours de l’ouverture du festival le plus électrisant de l’année, Komitid a pu poser quelques questions aux commissaires du festival, Fany Corral, Alexandre Gaulmin, Benoit Rousseau et Anne Pauly. L’équipe a choisi de répondre d’une seule voix à notre interview.

Komitid : Loud & Proud revient pour une troisième édition. Quel est l’objectif du festival ?

Fany Corral, Alexandre Gaulmin, Benoit Rousseau et Anne Pauly : Loud & Proud est un festival autour des cultures queer, dont l’objectif est de mettre en lumière les productions artistiques, des discours, des pratiques issues des minorités sexuelles et de genre. Nous proposons quatre jours de concerts, soirées, conférences, ateliers, projections pour essayer de couvrir un maximum de pratiques artistiques et de discours. C’est aussi un outil d’empouvoirement pour les personnes de notre communauté, une plate-forme d’expression et une machine à donner de la visibilité.

La visibilité c’est quand même la base de toutes les luttes d’émancipation communautaires. C’est certainement ce qui guide ce festival.

« On choisit des artistes qui ont un discours politique et proposent des visions. »

Comment faites-vous pour que que la programmation soit aussi diverse que les identités et les cultures contenues dans le mot queer ?

Lorsqu’on fait notre programmation, on cherche un équilibre paritaire, on cherche à avoir des artistes trans, gays, lesbiennes, racisés, queers …. On fait attention à ce que les artistes que l’on programme aient un discours qui raconte quelque chose de leur condition de queer. Angel Ho parle de ce que c’est d’être une femme trans et noire par exemple, Lotic parle de ses sentiments et de sa vulnérabilité en tant que personne queer, Fatima Alqadiri évoque par son travail les violence policières et la perception fantasmée qu’a l’Occident des autres cultures. Il y a aussi Colin Self qui à travers ces textes et sa pratique, place l’être ensemble au cœur de l’émancipation queer.

On choisit des artistes qui ont un discours politique et proposent des visions. Ensuite il faut se demander ce que signifie queer. C’est un grand débat, on y met un peu tout et n’importe quoi aujourd’hui. De nombreuses soirées se disent queer mais sont au final des soirées gay avec 80 % de garçons pédés. Même si on n’est jamais parfait, on essaye d’être le plus inclusif et intersectionnel possible.

Qu’elles sont vos attentes pour cette troisième édition ?

Ce que nous espérons, c’est que le public vive des moments particuliers, trouve des rôles modèles, sorte de là en ayant découvert des artistes, vécu des choses exaltantes et surtout partagé des moments forts ensemble. Le côté « ensemble » est très important, ça donne de la force et de la confiance. On a eu quelques témoignage de jeunes personnes qui ont trouvé la force de faire leur coming out après le festival. Ils et elles se sentaient assez entourées et fortes pour y aller. Franchement c’était notre meilleure récompense.

Propos recueillis et édités par Fabien Jannic-Cherbonnel. Loud & Proud, c’est du 4 au 7 juillet à la Gaïté Lyrique. Tout le programme du festival est accessible ici