Un soir de février - c'était un mardi, elle s'en souvient encore -, Chrystelle, 42 ans, éducatrice, voit son enfant de 7 ans sombrer en plein désespoir. «Depuis quelques semaines, elle allait mal. Mais ce soir-là, elle pleurait beaucoup. Elle m'a dit qu'elle voulait mourir, qu'elle préférait la mort plutôt que de vivre "ça", que rien ne pouvait être pire. Elle parlait de s'étrangler avec la ceinture de son peignoir, de se jeter sous une voiture… C'était un appel au secours très effrayant.» En regardant son enfant - yeux bleus, sourire d'ange, cheveux blonds et bouclés, corps frêle -, Chrystelle pense d'abord à des problèmes scolaires ou à du harcèlement. Elle lui demande alors de citer trois choses qu'il faudrait changer pour que tout s'arrange. «Elle m'a répondu mes cheveux, mon prénom et mon pénis.» La mère encaisse. Elle répond que pour la coiffure, ce sera facile. Puis l'interroge sur le changement de prénom : «Elle m'a répondu : "Je sais comment je m'appelle en fille : Lilie. Avec un "e" à la fin." Je lui ai demandé depuis combien de temps elle avait ce prénom en tête, raconte Chrystelle. Elle m'a répondu : "La maternelle." Ensuite, pour le pénis, je lui ai dit que je n'avais pas de solution tout de suite…»
Dans la petite maison située sur un chemin de campagne, près du village d’Aubignan (Vaucluse), ces révélations provoquent un tremblement de terre. Mais très vite, Chrystelle Vincent et son mari, Guillaume, 41 ans,