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David Paternotte : « Les opposants à la “théorie du genre” disposent de relais politiques puissants »

Depuis le début des années 1990, le Saint-Siège, la droite populiste et l’extrême droite affirment que le concept de genre déconstruit l’ordre des sexes. Entretien avec un sociologue de l’Université libre de Belgique qui a dirigé un ouvrage collectif sur les campagnes antigenre en Europe.

Propos recueillis par  (Vienne, correspondant)

Publié le 29 mars 2019 à 06h00, modifié le 30 mars 2019 à 01h11

Temps de Lecture 4 min.

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Dans les pays occidentaux, des mouvements politiques et sociaux opposés à l’égalité de genre et aux droits sexuels dénoncent, depuis quelques années, les dangers de « l’idéologie » ou de la « théorie » du genre. Comment un concept universitaire comme le « genre » a-t-il pu devenir la cible de ces mobilisations qui traversent les frontières ? Coordonné par les sociologues Roman Kuhar (université de Ljubljana, Slovénie) et David Paternotte (Université libre de Bruxelles, Belgique), l’ouvrage collectif Campagnes anti-genre en Europe. Des mobilisations contre l’égalité (Presses universitaires de Lyon, 2018) tente de répondre à cette question. Le Monde a interrogé David Paternotte.

Quels sont les droits que les acteurs des « campagnes antigenre » souhaitent remettre en cause ?

Ils s’attaquent principalement aux droits à la reproduction, au mariage et à la parentalité des homosexuels, lesbiennes et bisexuels, ainsi qu’aux droits sexuels et reproductifs des femmes. En de nombreux endroits, ils ont aussi remis en cause l’éducation sexuelle ainsi que l’éducation contre les stéréotypes de genre. S’est ensuite greffée à ces combats la remise en cause de la légitimité des études de genre à l’université.

Les militants des campagnes antigenre se présentent souvent comme des sauveurs de la démocratie : ils disent lutter contre le totalitarisme moderne de la pensée unique et du politiquement correct. Ils affirment se battre pour la liberté religieuse, mais aussi la liberté d’expression, limitée selon eux par la jurisprudence en matière de discours de haine. En Europe, il serait, à les croire, de plus en plus difficile d’être chrétien et d’invoquer sa conscience pour refuser de marier des homosexuels ou de pratiquer des avortements.

Ces campagnes dénoncent « l’idéologie du genre ». A quoi font-elles référence ?

Ce concept a été construit par des acteurs opposés à l’égalité. L’origine de cette notion remonte aux grandes conférences onusiennes de 1994 (Le Caire) et 1995 (Pékin). A l’époque, le Saint-Siège avait échoué à contrer la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs au sein du système onusien. Pour comprendre les raisons de cet échec diplomatique, le Vatican avait entamé une réflexion avec plusieurs intellectuels catholiques : c’est à ce moment-là qu’est apparue la notion d’« idéologie du genre ».

Le Vatican a cherché à propager ses idées en subvertissant des notions progressistes : la lutte contre l’avortement est devenue le « droit à la vie »

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