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En Hongrie, rencontre à huis clos entre le pape François et Viktor Orban

Le souverain pontife s'est brièvement entretenu, dimanche, avec Viktor Orban à Budapest. Réputé pour son franc parler, le pape François a peut-être abordé lors de cette rencontre les sujets qui fâchent avec le Premier ministre hongrois, comme l'accueil des migrants ou encore le respect des droits des personnes LGBT.

Le pape François et Viktor Orban lors de leur rencontre au musée des Beaux-Arts de Budapest, le 12 septembre 2021.
Le pape François et Viktor Orban lors de leur rencontre au musée des Beaux-Arts de Budapest, le 12 septembre 2021. © Vatican Media / AP
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C'est une rencontre entre deux personnalités que tout oppose. Le pape François est arrivé, dimanche 12 septembre, à Budapest pour célébrer une messe clôturant un grand congrès international religieux, mais tous les yeux étaient rivés sur sa brève entrevue avec le dirigeant souverainiste Viktor Orban.

Peu après son arrivée, le chef des 1,3 milliard de catholiques s'est entretenu avec le Premier ministre hongrois, selon des images diffusées sur le compte Facebook du Premier ministre hongrois et montrant la poignée de mains des deux hommes.

Le président Janos Ader et deux des plus hauts responsables de la Curie romaine étaient également présents. La chaîne du Vatican n'a pas immédiatement diffusé d'images de la discussion, pour bien marquer son statut privé.

Connu pour son franc parler, François a t-il abordé à huis clos les sujets qui lui tiennent à cœur comme la question des migrants et la tolérance envers les LGBT+, véritables pierres d'achoppement avec Viktor Orban ? 

Car l'accueil des réfugiés de toutes religions, frappant aux portes de pays plus riches, en fuyant guerres ou misère économique, a fait l'objet d'appels incessants du pape argentin, lui valant parfois l'incompréhension dans les rangs mêmes des catholiques.

Le pape François a d'ailleurs appelé les Hongrois à être "ouverts" à tous, dans une allusion à peine voilée à la politique anti-migrants du Premier ministre.

>> À voir, notre Focus : en Hongrie, Viktor Orban joue la carte anti-LGBT avant les élections de 2022

Avant ce voyage, les médias pro-Orban sont allés jusqu'à qualifier François "d'imbécile". Et ils n'ont pas manqué de relever la visite éclair de sept heures du pape, tandis qu'il va consacrer trois jours à la Slovaquie voisine pour une véritable visite d'État.

Le pape est en fait venu à Budapest à l'invitation spécifique du Congrès eucharistique international, sur les pas de Jean-Paul II qui avait assisté à l'événement en 1985 à Nairobi (Kenya). 

"Il veut humilier la Hongrie!", s'est indigné un commentateur de télévision.

"Nous sommes tous des migrants"

Jorge Bergoglio, lui-même issu d'une famille d'émigrés italiens venus en Argentine, n'a de cesse de rappeler à la vieille Europe son passé bâti par des vagues de nouveaux arrivants. Et sans jamais épingler des dirigeants politiques nommément, il fustige "le souverainisme", déclinant selon lui sur les étrangers des "discours qui ressemblent à ceux d'Hitler en 1934".

À ses opposants, le pape rétorque que l'aide aux exclus est éminemment chrétienne.

En avril 2016, le souverain pontife avait particulièrement marqué les esprits sur l'île grecque de Lesbos, porte d'accès à l'Europe. "Nous sommes tous des migrants!", avait-il lancé, en ramenant à bord de son avion trois familles musulmanes syriennes dont les maisons avaient été bombardées.

Pendant ce temps, le dirigeant hongrois faisait ériger un mur à la frontière sud pour empêcher les arrivées de "musulmans". S'il s'attire régulièrement l'ire de Bruxelles pour sa politique très restrictive en matière de droit d'asile, Viktor Orban brandit sa volonté de préserver l'héritage chrétien de l'Europe. 

Soucieux d'éviter toute polémique pour cette première visite papale depuis la venue de Jean Paul II en 1996, ses partisans préfèrent mettre en avant le programme "Hungary Helps", qui aide les personnes en détresse "à rester dignement dans leur pays d'origine" en construisant des églises ou des écoles.

La Hongrie "n'est pas un pays riche", mais elle a ainsi aidé à reconstruire des églises et des écoles en Syrie ou envoie des médecins en Afrique, égrène le père Kornél Fábry, secrétaire général du 52e Congrès eucharistique international, qui dure depuis une semaine, ponctué de colloques et de prières. 

"Menace de l'antisémitisme"

Dans la capitale hongroise, le pape a aussi pris le temps de rencontrer les évêques, puis des représentants de diverses confessions chrétiennes et de la communauté juive, la plus importante d'Europe centrale avec 100 000 membres. 

Lors de sa visite, il a évoqué "la menace de l'antisémitisme qui circule encore en Europe et ailleurs", estimant qu'il s'agissait d'"une mèche qui doit être éteinte".

Le gouvernement hongrois a officiellement décrété une politique de "zéro tolérance" envers l'antisémitisme et fait valoir les investissements consentis pour la rénovation et l'entretien de nombreuses synagogues et cimetières juifs.

Mais Viktor Orban a, dans le même temps, orchestré une vaste campagne contre le financier américain d'origine hongroise George Soros, dont le Congrès juif mondial a dénoncé les accents antisémites. Par ailleurs, il est accusé de vouloir réhabiliter Miklos Horthy, dirigeant hongrois de l'entre-deux guerres qui avait fait alliance avec le régime nazi. 

L'inauguration, en 2014, d'un monument présentant la Hongrie comme une pure victime du nazisme et un controversé musée de l'Holocauste, dont la réouverture est repoussée depuis plusieurs années, ont également alimenté les craintes de révisionnisme historique.

Quelque 600 000 juifs hongrois ont péri dans les camps nazis, déportés en quelques mois grâce aussi au zèle de l'administration et de la police hongroises. Dès 1920, le pays s'était doté de la première législation antisémite de l'entre-deux-guerres en Europe, à l'instigation de Miklos Horthy qui devint un allié d'Adolf Hitler et demeura au pouvoir jusqu'en 1944.

Avec AFP

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