LONDRES - La polémique est partie d’une fuite dans la presse. Jeudi 30 mars au soir, la chaîne de télévision britannique ITV a révélé un document dans lequel le gouvernement britannique justifie pourquoi il ne compte pas inscrire dans la loi l’interdiction des thérapies de conversion.
Une volte-face qui a provoqué la colère et la déception des militants et politiques de tous bords au Royaume-Uni. Car en octobre, Londres avait annoncé vouloir créer une infraction pénale pour lutter contre ces pratiques prétendent modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne au prix parfois d’effroyables souffrances.
Or, dans le document dévoilé par ITV, le gouvernement étudierait finalement des mesures “non législatives” pour lutter contre ce fléau, contre le lequel la Reine Élisabeth II s’était elle-même prononcée en mai dernier. “Des mesures seront proposées pour remédier aux disparités raciales et ethniques et interdire la thérapie de conversion”, avait-elle alors assuré.
Nouveau revirement partiel
Downing Street invoque la guerre en Ukraine pour justifier ce volte-face. “Compte tenu des circonstances sans précédent et des pressions majeures sur le coût de la vie et la crise en Ukraine, il y a un besoin urgent de rationaliser notre programme législatif”, justifie-t-on.
Nouveau rebondissement: quelques heures après cette annonce, Paul Brand, rédacteur en chef d’ITV News UK, a cité sur Twitter une source gouvernementale affirmant que la législation serait incluse dans le discours de la Reine en mai prochain.
Selon son tweet, le Premier ministre Boris Johnson aurait “changé d’avis”devant la polémique provoquée par cette révélation et aurait déclaré que la législation couvrirait “uniquement la thérapie de conversion gay, pas les trans”. La BBC a également rapporté qu’une source gouvernementale avait confirmé ce revirement partiel.
🚨 U-TURN ON THE U-TURN 🚨 The Prime Minister has changed his mind off the back of the reaction to our report and h… https://t.co/V0PpugVWUh
— Paul Brand (@PaulBrandITV)
Si l’information est confirmée, cela signifierait que le gouvernement abandonne son projet d’interdiction des thérapies de conversion pour les personnes transgenres - une position visant à séduire les électeurs conservateurs traditionnels.
“Les plus vulnérables resteront les moins protégés - les personnes trans sont deux fois plus susceptibles de se voir proposer/soumettre à une thérapie de conversion!” a tweeté Jayne Ozanne, lesbienne et éminente figure de l’Eglise anglicane qui milite depuis 2015 contre ces thérapies.
“Une interdiction de la thérapie de conversion qui n’inclut pas les trans n’est pas une véritable interdiction. Exclure les personnes transgenres de la protection contre les conversions néfastes est une honte” a également réagi le militant chevronné Peter Tatchell, dénonçant que le gouvernement était en train de “se plier aux exigences des transphobes”.
“Une trahison pour la communauté LGBT+”
Selon les chiffres du gouvernement, 5% des personnes LGBT+ se sont vu proposer une thérapie de conversion au Royaume-Uni, et 2% l’ont subie. Des chiffres pas représentatifs selon les associations.
Le projet prévoyait de punir d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans de telles pratiques envers les moins de 18 ans en toutes circonstances et envers les adultes qui n’auraient pas librement consenti à y participer ou n’auraient pas été pleinement informés de leur conséquences potentielles.
“Ce n’est pas juste un énième demi-tour de la part des Tories, mais un feu vert donné pour une forme de torture au Royaume-Uni. C’est une trahison pour la communauté LGBT+”, a réagi le parti LibDems.
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