Au même titre que les archives lesbiennes, dont il était question dans le numéro #92 de Jeanne Magazine, les lesbiennes de plus de soixante ans représentent une richesse sous-estimée et non valorisée. Pourtant, je suis convaincue qu’en les écoutant, ces voix nous permettent une meilleure compréhension et un autre niveau de lecture de notre société actuelle. Ces mémoires vivantes de notre histoire peuvent en témoigner : nous revenons de loin. Comme vous le lirez à travers les récits de chacune, il serait imprudent de relâcher notre vigilance en pensant que tout est réglé. Extrait des témoignages publiés dans le numéro #93 de Jeanne Magazine.

Françoise vient au monde, à Paris, il y a 66 ans et grandit en région parisienne. Depuis toujours, Françoise est rebelle et révoltée. Elle a 15 ans lorsqu’elle commence à militer dans les années 70, elle s’engage dans des groupes militants féministes, puis lesbiens. C’est lors de ses études d’infirmière qu’elle rencontre la première avec qui elle passera la nuit. Pour elle, c’est une découverte qu’elle accueille volontiers. Lorsque Françoise fait son coming out, elle ne rencontre aucune difficulté particulière. Au travail comme dans la vie, son entourage la prend telle qu’elle est. Sa mère, cependant, mettra plus de temps à se faire à l’idée regrettant le fait de ne pas pouvoir devenir grand-mère. Dans les années 80, Françoise rencontre Sylvette avec qui elle fonde une famille. En 1992, chacune d’elles adopte une petite fille au Vietnam. Si la nouvelle ravit la mère de Françoise enfin grand-mère, elles éprouvent les premières difficultés de la maternité lorsqu’elles reviennent en France avec les bébés. Sans être sœurs, les filles, qui n’ont que trois semaines d’écart, donnent autant de travail à leurs mères que si elles étaient jumelles. Par conséquent, Françoise et sa compagne militent moins et la vie de famille les isole. À l’époque, les familles homoparentales n’ont aucune reconnaissance, elles doivent vivre plus ou moins cachées. Leur couple ne survivra pas et se sépare peu avant les 5 ans des enfants. Cette rupture ne les empêchera pas de préserver leurs relations et aujourd’hui, Sylvette, Françoise et leurs filles restent très liées et se voient régulièrement. Françoise a toujours milité et aujourd’hui encore, vous pouvez la croiser dans diverses manifestations notamment, le 8 mars, lors de Journée internationale des droits des femmes. Avec sa nouvelle compagne, elle participe au CEL (Centre Evolutif Lilith, association lesbienne féministe) de Marseille. Pour elle, l’homosexualité a toujours été un combat, et c’est encore le cas. Elle me fait remarquer que si nous sommes aujourd’hui, plus visibles dans les médias, bizarrement, elle a le sentiment que nous sommes moins acceptées au quotidien. Ce qui explique qu’avec sa compagne, elles préfèrent rester discrètes et ressentent une certaine appréhension lorsqu’elles se tiennent par la main ou s’embrassent dans la rue de façon spontanée.

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Retrouvez l’intégralité des témoignages dans le numéro #93 de Jeanne Magazine.

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