Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Des hommes homosexuels se réjouissent de pouvoir enfin donner leur sang

Depuis le 16 mars, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes peuvent donner leur sang, sans conditions. Après plusieurs années de revendications, membres de la communauté LGBTQ+ et associations sont ravis de pouvoir participer à cet acte citoyen.

Par 

Publié le 25 mars 2022 à 16h32, modifié le 29 mars 2022 à 18h09

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Frédéric Pécharman, coordinateur du collectif Homodonneur, à Toulouse, le 23 mars 2022.

Ce jour, Frédéric Pécharman l’attendait depuis treize ans. Mercredi 16 mars devant la Maison du don à Toulouse, le fondateur du collectif Homodonneur a le sourire. Aujourd’hui, lui et tous les « hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes » (HSH) peuvent donner leur sang, sans conditions. « On était tellement impatients qu’on l’a fait dès ce matin ! » s’exclame-t-il, venu avec quelques membres de l’association qu’il a fondée en 2009, après qu’un don de moelle lui a été refusé.

Depuis 1983, le don de sang était interdit aux hommes dits « HSH » (gays, bisexuels…). En 2016, une première ouverture l’autorise, sous condition d’une abstinence sexuelle de un an. Un délai abaissé à quatre mois en 2019. C’est en janvier qu’un arrêté a officiellement annoncé la suppression de toute référence au genre des partenaires sexuels dans la sélection des donneurs.

A Nice, Erwann Le Hô, président du Centre LGBTQIA+ de Côte d’Azur, est venu à l’ouverture de la Maison du don, devenant le premier donneur homosexuel de la ville. Un geste « multisymbolique » pour ce militant. « Depuis petit, j’ai toujours vu mon papa le faire. Mais, à 71 ans, il ne peut plus. Cette ouverture, c’est comme une autorisation à prendre son relais », confie celui qui est né en 1983, année du décret lui interdisant de donner son sang.

« Je me sentais exclu »

Au début des années 2000, lorsqu’il tente de faire ce geste pour la première fois, il n’est pas au courant de l’interdiction imposée aux hommes « HSH ». « Après avoir lu mon dossier, le médecin m’a répondu d’une manière très sèche : “On va s’arrêter là !” » se souvient le Niçois. Il sort de cet entretien « en pleurant ». Cette fois, il dit avoir été « très bien accueilli » : « Certains membres du personnel étaient aussi bouleversés que moi ! Ça montre que les années ont passé. »

Une semaine après la mise en œuvre de l’arrêté, Benoît (qui n’a pas souhaité donner son nom), 37 ans, était lui aussi au rendez-vous pour une collecte dans le 10e arrondissement de Paris. « J’ai donné régulièrement jusqu’à mes 20 ans. Malheureusement, à cause de la législation en vigueur, j’ai dû arrêter », raconte-t-il, sa collation à la main. « J’ai entendu parler de l’ouverture du don aux homosexuels. C’est pour ça que je suis venu aujourd’hui, pour la première fois depuis 2004 », confie à demi-mot ce Francilien, content de pouvoir de nouveau « sauver des vies ».

Damien Testu attends depuis 2013 de pouvoir donner son sang sans mentir sur son orientation sexuelle. A Paris, le 24 mars 2022.

Damien Testu, 27 ans, a prévu de donner son sang « début avril ». Arrivé à Paris en 2013, où les centres de dons sont facilement « accessibles », il aurait aimé accomplir ce « devoir » citoyen il y a longtemps. La question crée des débats dans son entourage, toutes orientations confondues : « Certains amis homosexuels allaient à l’encontre de l’interdiction, cachaient leur identité, parce qu’ils considéraient que c’était plus important de donner. » Lui s’abstient, refusant de « mentir » sur son orientation. « Je voyais les campagnes de prévention de l’Etablissement français du sang [EFS] qui répétaient qu’il y avait un énorme besoin. Ça me révoltait. Je me sentais exclu. Alors qu’on parle de santé, quelque chose où on devrait être le plus inclusif possible », juge-t-il.

Il vous reste 47.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.