Football pro et homosexualité : Ouissem Belgacem témoigne

"Mon histoire, c'est celle d'un Français, d'un arabe, d'un musulman, d'un gay et de quelqu'un qui a cherché à devenir joueur de football professionnel, jusqu'à ce que je comprenne que c'était pas compatible avec mon homosexualité."

“Je faisais la prière et je me disais : "Mais faites que je me réveille hétéro."


“Je suis complètement lucide vis-à-vis de mon potentiel, je sais très bien que je ne vais pas être le prochain Zidane ou Kylian Mbappé, néanmoins, ce que je dirais, c'est que l'homophobie m'a volé ma chance d'essayer”. Ouissem Belgacem a été footballeur professionnel. Après des années à cacher sa sexualité, le sportif a fait son coming-out. Son histoire, il la raconte dans un livre Adieu ma honte. Il revient sur ses années de formation passées au Toulouse Football Club.
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“L'environnement était tellement hostile et homophobe…”


“A l'époque, je voulais ce que j'appelle "m'hétérosexualiser". J'avais très bien compris que ça allait être un problème dans tous mes milieux d'être homo et je voulais absolument devenir hétéro. Dans un vestiaire, je suis le premier à chanter, danser, rigoler, et après, quand je rentrais dans ma chambre, le soir, je pleurais. Je faisais la prière et je me disais : "Mais faites que je me réveille hétéro." Et chaque matin, je me relève et c'est le même cauchemar qui redémarre”.
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Selon le sportif, “le football reste le dernier bastion à faire tomber de l'homophobie : je pense que c'est principalement lié à l'image qu'on donne de comment doit être un homme, un bonhomme, un footballeur. Une chose importante que les gens doivent comprendre, c'est que tu peux être un homme, un footballeur, avoir une part de féminité assumée et être un défenseur très rugueux, comme moi j'ai pu l'être” précise Ouissem Belgacem.
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“Tout le monde vit sous le spectre de Justin Fashanu”


“L'environnement était tellement hostile et homophobe… Je n'ai jamais entendu une seule parole inclusive à ce sujet jusqu'à mes 19-20 ans dans mes milieux, forcément c'était très dur pour moi de me projeter. C'est pour ça qu'un jour, j'ai dû faire un choix entre ma carrière professionnelle et mon épanouissement personnel, parce que j'étais rentré dans une schizophrénie destructive où j'avais des copines, où je mentais sans arrêt sur qui j'étais, où non seulement je jouais à l'hétéro mais je devais jouer au macho, parce que c'est cette masculinité toxique qui est dans le football, qui a une définition assez moyenâgeuse de ce qu'est être un homme”.
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Le sportif dénonce un milieu du football “gangréné dans toutes les strates d'homophobie en France et dans le reste de l’Europe. On a fait beaucoup de choses contre le racisme et c'est une excellente chose, vous savez, moi je suis Français et arabe, donc j'ai aussi souffert de ça, mais je ne comprends pas que pour l'homophobie, on ne fait pas grand-chose. C'est super que Griezmann ait une prise de position mais ça reste un hétéro et nous, on attend un footballeur homo. Tout le monde vit sous le spectre de Justin Fashanu, qui est le seul joueur en activité à avoir fait son coming out dans les années 90 et qui quelques années après s'est suicidé après que tout le monde lui a tourné le dos”.
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