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« On m’a dit que j’étais la première étudiante trans à HEC »

« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Nolwenn, 20 ans, évoque ses nombreuses démarches administratives pour faire reconnaître sa transidentité sur le campus de HEC.

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Publié le 02 juillet 2022 à 05h00, modifié le 06 septembre 2022 à 14h33

Temps de Lecture 3 min.

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La première fois que j’ai demandé à mes profs de changer mon prénom, c’était en classe prépa. J’étais en filière B/L (lettres et sciences sociales) au lycée Lakanal, à Sceaux (Hauts-de-Seine). Avec l’équipe enseignante, tout s’est bien passé : j’ai demandé à changer de prénom d’usage et cela s’est fait sans problème.

Avant, au lycée, je ne parlais de ma transidentité qu’à mes amis. J’avais mis une fois des vêtements féminins, en terminale, et j’avais été convoquée par le proviseur. Il m’a expliqué que cela dérangeait mes camarades et qu’il ne voulait plus jamais voir cela.

J’ai intégré HEC à la rentrée dernière. Quelques semaines après mon arrivée à l’école, j’ai voulu prendre les choses en main et essayer de changer de prénom sur ma carte d’étudiant et sur la liste d’appel. Tous les pronoms me vont, sauf le masculin. En français, les gens disent le plus souvent « elle » pour parler de moi. En anglais, on utilise plutôt le neutre « they » et « them ». Les autres élèves comprennent assez bien de quoi il retourne. Du côté des profs, je ne sais pas s’ils saisissent totalement. Il est vrai que je ne me suis pas lancée dans une longue explication sur ce qu’est la non-binarité.

C’est ça le plus pénible : beaucoup de profs à HEC font l’appel en début de cours et il faut expliquer devant tout l’amphi que j’utilise un autre prénom que celui indiqué. Quand j’ai cherché autour de moi des informations sur les démarches pour changer de prénom, personne ne savait vraiment quoi faire. J’ai écrit au service de la vie étudiante. J’ai attendu un mois et je n’ai pas vraiment eu de réponse de leur part. Je me suis dit qu’ils étaient sans doute très occupés. Puis mon professeur de statistiques m’a renvoyé vers le pôle Egalité des chances. Je leur ai envoyé un e-mail et, quelques jours plus tard, j’ai reçu une réponse favorable. “C’est la première fois que l’on nous demande cela, mais pas de problème, on comprend votre demande et on va tout faire pour changer votre prénom”.

Des démarches qui ont pris quelques semaines

En 2021, c’était donc la première fois que HEC avait une personne trans parmi les étudiants et étudiantes… ! Finalement, les démarches administratives ont pris quelques semaines et à la fin du premier semestre, en hiver, j’ai pu passer mes partiels et modifier mon adresse e-mail étudiant, mon prénom sur les listes d’appel et ma carte étudiant.

Ensuite, j’ai passé la deuxième partie de l’année universitaire en échange sur un autre campus, au Danemark, à Copenhague. J’ai pu mesurer le fossé avec la France : ma demande de changement de prénom d’usage a été faite instantanément, cela a pris deux jours. Ils ont l’habitude de ce genre de démarche administrative. J’ai constaté à quel point ils sont en avance sur nous dans le domaine des identités de genre : par exemple, l’école a un cortège au défilé de la Pride (défilé des fiertés) de Copenhague et des événements culturels avec des drag queens sont régulièrement organisés sur le campus. D’ailleurs, au sein de l’établissement, il n’y a plus de toilettes genrées : je me demande si l’on pourrait faire pareil chez nous.

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