Les personnes trans existent. Dans toute société démocratique fonctionnelle, il faut s’accorder sur des principes comme préalables à tout débat. L’un deux, dans notre pays, est le suivant : les personnes trans ont des droits. La République française reconnaît l’identité de genre comme motif de discrimination sanctionné par le code pénal (art. 225-1), elle limite la liberté d’expression face à l’incitation à la haine fondée sur l’identité de genre, elle autorise les personnes trans à changer de prénom et de sexe à l’état civil sans être stérilisées, elle invite les personnels éducatifs à respecter le prénom d’usage des enfants trans, elle oblige les parents, personnels encadrants et professionnels de santé à ne pas réprimer l’identité de genre des personnes trans, même mineures (loi de 2022 contre les thérapies de conversion).
La reconnaissance de l’existence des enfants trans est un préalable à tout débat démocratique concernant leur accompagnement. Ceux-ci ont des droits spécifiques : le premier d’entre eux est la reconnaissance de leur identité de genre, c’est-à-dire le respect de leur prénom d’usage, de leurs pronoms, et de leur civilité.
Ils ont également des besoins spécifiques : quand vient la puberté, certains de ces adolescents connaissent une exacerbation du mal-être qui les habite. Le regard social posé sur leur corps en pleine évolution les enferme dans un rôle de genre dont ils ne veulent pas. Ils peuvent alors être en recherche de moyens de suspendre ou de modifier la trajectoire prise par leur développement corporel, afin d’être reconnus pour ce qu’ils sont. Certains d’entre eux veulent être reconnus en tant qu’hommes, d’autres en tant que femmes, d’autres encore, les jeunes non binaires, ne veulent être reconnus dans aucun de ces rôles.
Créer des environnements protecteurs
Il faut prendre conscience de la force et de la violence du regard social que ces jeunes subissent. Celles-ci s’expriment partout : dans leur famille, à l’école, dans l’espace public, dans le système de soins et d’aide sociale, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse, à la radio, à la télévision.
L’enquête française Virage LGBT de l’Institut national d’études démographiques permet d’en prendre la mesure : 6 jeunes trans sur 10 subissent des violences intrafamiliales, 1 jeune trans sur 5 est exclu du domicile parental, 8 personnes trans sur 10 subissent des violences dans l’espace public, la moitié y subissent des violences sexuelles. Une étude de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux confirme : jusqu’à 5 Français trans sur 10 ont subi des discriminations de la part du personnel éducatif, près d’un quart d’entre eux ont cherché à quitter l’école en raison du fait d’être trans. Dans ce contexte au sein duquel aucun espace n’est sûr pour eux, les jeunes trans peinent à se projeter dans le futur, 86 % d’entre eux songent à se suicider, 42 % ont déjà tenté de le faire.
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