VIH : l’OMS modifie ses recommandations Sep25

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VIH : l’OMS modifie ses recommandations

Les premiers résultats de l’étude NAMSAL, menée par des équipes suisses, françaises et camerounaises, ont permis à l’OMS de réviser ses recommandations de traitement du virus du sida. Cela permettra de mieux les adapter aux contextes les plus variés, pays à faible revenu notamment.

Encore récemment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandait indifféremment deux médicaments – l’éfavirenz et le dolutégravir – pour le traitement de l’infection au VIH. Le premier existe depuis 1998 et le second a été mis sur le marché en 2013. Or, ces traitements n’avaient jamais été comparés dans les conditions habituelles des pays fortement touchés par le VIH.

Menée conjointement par l’Université de Genève (UNIGE) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) en Suisse, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France et l’Hôpital central de Yaoundé au Cameroun auprès de 613 patients de divers centres hospitaliers camerounais, l’étude NAMSAL (New Antiretroviral and Monitoring Strategies in HIV-infected Adults in Low-income countries) permet de lever cette ambiguïté.

Si les deux molécules font baisser la charge virale des patients de manière presque équivalente, le risque d’apparition de résistance au traitement est plus faible avec le dolutégravir, selon ces travaux publiés dans la revue médicale américaine «New England Journal of Medicine».

Le dolutégravir n’engendre pas de mutation de résistance chez le virus et permet donc, en cas d’échec, d’opter pour d’autres traitements. L’éfavirenz a par contre déclenché d’importants mécanismes de résistance, ce qui peut s’avérer problématique: les personnes concernées sont ensuite plus difficiles à soigner et risquent en outre de transmettre à d’autres personnes un virus beaucoup plus fort.

Ces résultats montrent en outre que l’effet des deux médicaments sur la charge virale est moindre qu’escompté. «Les essais cliniques menés en vue de l’autorisation de mise sur le marché sont conduits sur des patients occidentaux, des hommes dans leur très grande majorité, qui bénéficient en outre d’un dépistage précoce et d’un bon état de santé général», explique le Dr Charles Kouanfack, de l’Hôpital central de Yaoundé et premier auteur de ces travaux.

«Nos patients sont très différents: deux tiers sont des femmes dépistées tardivement, et donc avec une charge virale au départ très élevée, qui ne bénéficient bien souvent que de peu de suivi médical. Les traitements mettent alors plus de temps pour agir», ajoute le médecin, citée mardi dans un communiqué de l’UNIGE. Ces résultats illustrent l’importance de telles études dans l’élaboration de recommandations internationales.

«Il faut disposer de données représentatives des populations destinataires des traitements dans toute leur diversité et ne pas sélectionner les personnes incluses dans les études en fonction de critères trop réducteurs», souligne Alexandra Calmy, vice-doyenne de la Faculté de médecine de l’UNIGE en charge de la médecine internationale et humanitaire et responsable de l’Unité VIH/Sida des HUG.

«J’aimerais aussi souligner l’importance de ne pas exclure les femmes des essais cliniques, en particulier quand elles constituent la majorité des patients concernés», ajoute la professeur genevoise.

La mise à jour des recommandations de l’OMS effectuée en juillet 2019 suite à la publication de ces travaux permettra maintenant aux pays et aux agences de financement de négocier des tarifs intéressants auprès des fabricants génériques du dolutégravir et des combinaisons basées sur cette molécule.