LGBTQI+L'Australie a refusé un visa à Chelsea Manning avant une conférence

Par Marion Chatelin le 31/08/2018
Chelsea Manning

L'ancienne informatrice de WikiLeaks, Chelsea Manning, n'a pas obtenu de visa pour entrer en Australie, où elle devait participer à une conférence, ont annoncé vendredi 31 août 2018, les organisateurs de l'événement. Ils dénoncent ce refus des autorités.

La lanceuse d'alerte Chelsea Manning était censée participer, dimanche 2 septembre 2018, à une conférence à l'Opéra de Sydney, avant d'autres événements à Melbourne et Brisbane. Le ministère de l'Intérieur australien a indiqué à certains médias que des visas pouvaient être refusés à des personnes ayant des « casiers judiciaires importants ». Selon le quotidien britannique The Guardian, les organisateurs du festival Antidote, où la lanceuse d'alerte devait prendre la parole, ont confirmé, ce vendredi 31 août 2018, que le ministère de l'Intérieur ne pourrait pas lui délivrer de visa. Le gouvernement australien de centre-droit s'est, quant à lui, refusé à tout commentaire sur cette affaire.

Restriction de la liberté d'expression

Dans une interview donnée au quotidien The Guardian, la directrice du festival, Edwina Throsby, s'est dite frustrée que « Mme Manning ne puisse pas venir en personne » pour une conférence sur la protection des données, la surveillance, les médias de masse et les droits des personnes trans'. Et d'ajouter : « En tant que figure publique, ses opinions, idées et expertises sur ces sujets ont un intérêt majeur pour notre communauté ». Chelsea Manning sera quand même interviewée en live, à distance.

Certaines associations dont ThinkInc, qui coordonne la visite de l'ancienne analyste militaire en Australie et en Nouvelle-Zélande, ont interpellé à plusieurs reprises les autorités australiennes. Dans un communiqué, la membre de ThinkInc, Suzil Jamil, a expliqué que Chelsea Manning offrait « des idées formidables » louant son « point de vue judicieux ». Et d'ajouter : « J'espère que les Australiens pourront écouter Mme Manning au sujet de questions vitales comme la confidentialité des données, l'intelligence artificielle et les droits des transgenres ».

Pour la directrice d'Amnesty International Australie, il s'agit d'un « message clair » envoyé par les autorités. La militante a dénoncé une « restriction de la liberté d'expression » sur son compte Twitter :

Une lanceuse d'alerte qui divise

Condamnée, en 2013 par une cour martiale américaine, à 35 ans de réclusion criminelle pour avoir transmis à WikiLeaks plus de 700.000 documents confidentiels relatifs aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, Chelsea Manning a passé sept ans en prison (dont trois de détention provisoire) avant que sa peine ne soit commuée par l'ancien président des États-Unis Barack Obama, le 17 janvier 2017.

Sa tournée océanienne a également généré des vagues en Nouvelle-Zélande et les autorités du pays ont annoncé ce vendredi 31 août 2018 avoir finalement accepté de lui délivrer un visa.

(Avec AFP)

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