Tribune. Le mois de juin et les mois d’été sont devenus synonymes d’un riche calendrier mondial de marches des fiertés, durant lesquelles sont abordés les préjugés et les questions d’actualité pour la communauté LGBTI + [lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexes et tous les autres]. Ces manifestations publiques ont pour but de dénoncer les discriminations et les inégalités qui visent cette communauté partout dans le monde et de rassembler ses membres dans un esprit d’ouverture et de réflexion..
En 2020, la pandémie de Covid-19 a tout bousculé. De ce fait, les marches des fiertés sont remplacées par des initiatives sur Internet, ou n’ont pas lieu du tout, mais nous avons tout de même besoin de l’esprit de solidarité, d’inclusion et de tolérance qu’elles véhiculent. Cela se produit au moment précis où il nous faut placer la barre plus haut.
En effet, la pandémie a intensifié les vulnérabilités systémiques existantes, ce qui aura des conséquences sociales et économiques désastreuses pour les minorités, peut-être même sur une longue période. Au-delà de la pandémie, à l’heure où le monde exige des changements, nous devons lutter pour un avenir où toutes les personnes, quelle que soit leur origine raciale ou ethnique, leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, puissent vivre à l’abri des discriminations, des injustices et des mauvais traitements sous toutes leurs formes.
Venir à bout des préjugés et des stéréotypes
Au cours des dernières décennies, plusieurs pays ont enregistré des progrès dans ce domaine. A la suite de la dépénalisation de l’homosexualité, un nombre croissant de pays ont adopté des lois en matière de lutte contre la discrimination et la haine, et reconnaissent désormais les familles « arc-en-ciel » et la diversité de genre. En dépit de ces progrès, aucune société n’a encore atteint l’égalité de traitement à l’égard des personnes LGBTI +.
Par ailleurs, il subsiste des disparités entre les normes législatives et le quotidien de ces personnes. Il faut beaucoup de temps pour venir à bout des préjugés et des stéréotypes, pour éliminer les attitudes hostiles et pour que les mentalités évoluent. Il y a toujours, aussi, le risque que les progrès réalisés soient réduits à néant. En effet, on assiste à un retour en arrière, mené par les mouvements hostiles à l’égalité des genres et considérant les familles traditionnelles comme un modèle exclusif.
Pour certains d’entre nous, la maison n’est pas un endroit sûr. Des femmes et des enfants sont ainsi victimes de violence familiale, et des jeunes doivent vivre dans des familles hostiles, homophobes ou transphobes, intolérantes et maltraitantes. Par exemple, les actions menées avec des personnes et des ONG qui travaillent dans le domaine LGBTI + nous ont appris que, durant le confinement, les jeunes LGBTI + vivant dans des familles qui ne les soutiennent pas ont subi des violences, et certains se sont même retrouvés à la rue. Les personnes âgées LGBTI + se trouvant dans des établissements de soins et dissimulant leur orientation ou leur identité ont souffert de la solitude et de l’exclusion.
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